Les 4 saisons en 2024

Un millésime 2024 difficle

L’hiver 2023-2024 a été clément avec quelques jours de gelée en janvier (-2, -4) avec peu ou pas de neige.
Février a été doux et pluvieux, tout comme mars avec un retour de fortes pluies à la fin du mois ; le
retour du beau temps est venu début avril avec de belles journées ensoleillées et des températures
dépassant 23°. La vigne en a profité pour débourrer avec précocité le 8 avril puis a connu une période où la pousse a cessé jusqu’à la fin du mois.
Début mai, les pluies ont été abondantes et ont nécessité d’effectuer le premier sulfatage le 10 mai ;
c’est le début d’une campagne phyto sanitaire très difficile avec des renouvellements fréquents (8 à
11 jours) pour éviter que la maladie ne vienne à s’installer. La fin mai a été aussi mitigée, entrecoupée d’averses et d’éclaircies. Nous avons effectué le 3e sulfatage le 28 mai.

Début juin, nous avons assisté à un réchauffement de température avec des 25° qui ont inévitablement apporté des orages à partir du 8 juin. Cette période a été favorable à la vigne ; nous avons constaté les premières fleurs qui ont duré jusqu’au 20 juin avec des températures matinales très fraîches ; celles-ci ont favorisé une coulure importante et l’on savait déjà que la récolte 2024 ne
serait pas abondante.
La dernière décade de juin a été marquée par un épisode de chaleur avec des températures de l’ordre de 30°, c’était trop tard pour la fleur de vigne. Celle-ci passée, nous avons effectué des comptages de raisins pour connaitre le volume approximatif de récolte et s’il était nécessaire d’effectuer des vendanges en vert : ça n’a pas été le cas, car on pouvait compter entre 7 et 10 raisins par pied, ce qui augurait d’une récolte normale. A la vendange, on comptera aussi entre 7 et 10 raisons par pied mais avec des grumes minuscules mais sans jus. Pour faire une pièce de vin, soit
300 bouteilles, 300 kilos de raisin sont nécessaires en temps normal soit environ 11 caisses. Cette
année 2024, on s’approche de 15 caisses soit 450 kilos de raisin pour obtenir une pièce de vin.

Juillet a été une succession d’orages et d’averses jusqu’au 15 du mois ensuite nous avons connu une
période de beau temps jusqu’à la mi-août où nous avons reçu des précipitations orageuses importantes mais sans grêle pour ce qui nous concerne. La lutte phyto sanitaire a pu prendre fin début août.
Début septembre a été froid et pluvieux (8-14°) et nous a obligé de repousser d’une semaine la date
des vendanges qui ont commencé le 21 septembre. Suite à la prospection de la flavescence dorée mi-septembre et notre tournée de prélèvements pour définir un ordre de ramassages, nos estimations de récolte étaient de -20% par rapport à une récolte normale.

Dès le début des vendanges, nous avons très vite déchanté car la première vigne récoltée affichait un déficit de 60% par rapport à une année normale. Les autres vignes confirmaient ce déficit de récolte et les vendanges s’achevaient le 25 septembre soit au total 4.5 jours de vendanges au lieu de 8 avec le même effectif. Quelles sont les causes de cette si faible récolte ? On citera les mauvaises conditions climatiques à des moments clé comme la floraison de la vigne et la nouaison.

Les précipitations abondantes ont favorisé l’installation du mildiou malgré une lutte incessante.
A cet effet, on peut se poser la question de l’efficacité des produits phyto sanitaires bien moins rémanents que par le passé. Les matières actives restent les mêmes mais une interrogation subsiste ; à force de réduire les différents produits, ne s’oriente-t-on pas vers une accoutumance de la vigne ?
Tous les viticulteurs en agriculture biologique ont payé un lourd tribut cette année avec un nombre de passages importants jusqu’à 20 sans une grande efficacité. En ce qui nous concerne, nous nous sommes limités au domaine à 13 passages. Ne doit-on pas réfléchir au tassement des sols et à l’empreinte carbone ?
Nous avons pu vérifier ce tassement lors de notre opération de sous-solage mi-novembre.

Maintenant que les déclarations de récoltes sont rentrées, nous avons une idée plus précise des rendements généraux du millésime 2024. Ils ont été inférieurs en Côte de Nuits par rapport à la Côte de Beaune et toujours de l’ordre de 18 à 25 hectolitres à l’hectare. C’est la première année que des rendements aussi faibles sont enregistrés depuis bien longtemps sauf gel ou grêle.
Personne, même les vieux vignerons ou les techniciens de l’inter profession n’avaient pas vu venir cette si faible récolte.
Les assureurs se sont réfugiés derrière un alinéa bien dissimulé dans leur contrat qui indiquait que vu qu’aucune expertise n’avait été faite avant récolte, ils ne pouvaient pas prendre en considération notre demande d’indemnisation Même le plus chevronné des experts en assurance agricole n’a pas deviné la maigre récolte.
Les déclarations de récolte démontrent la rareté du millésime, mais ces mêmes assurances ne veulent pas le reconnaître et s’enrichissent sur le dos des exploitants.

Une consolation cependant, le millésime est de bonne qualité avec de belles teneurs en sucre, une belle couleur et des acidités correctes si les vignes ont été vendangées avant les fortes pluies du 26 septembre qui ont fait chuter l’acidité.
Les conséquences pour la filière viticole vont être très importantes dans de nombreuses branches, bouchons, bouteilles, fûts, matériels viti vinicoles, etc…
Les finances de viticulteurs vont être considérablement impactées par cette toute petite récolte, les investissements, en tout genre vont être limités.

La commercialisation du millésime 2023 nous encourage, vous trouverez les commentaires de ces vins à la fin de cette rubrique. C‘est un millésime généreux, très gourmand avec un joli potentiel de garde. La commercialisation de celui-ci dans notre domaine est bien avancée, en particuliers vers les USA qui redoutent les fameuses taxes Trump. Les demandes des importateurs sont nombreuses de même que chez les particuliers. Chacun est déjà au courant de la maigre récolte 2024 et anticipe pour avoir du vin dans les prochains mois et années.
Pour revenir au millésime 2024, il sera prudent de réserver car nous ne pourrons pas répondre à toute la demande : le mieux sera de nous envoyer un mail pour connaître les allocations et les tarifs.

Voici les commentaires de dégustation des vins 2023 établis en collaboration avec notre œnologue Bruno Michéa du Laboratoire AOC à Beaune.

Bourgogne CHANTAL : robe brillante, nez de petits fruits rouges, bouche gourmande et fine.

Bourgogne GERARD : léger boisé au nez, bouche pleine et charnue.

MARSANNAY : belle robe brillante et intense, nez centré sur du fruit noir, bouche grasse, ample avec une finale gourmande et persistante.

FIXIN : nez de fruits noirs et de torréfaction. Bouche confite dès l’attaque, concentrée avec une finale gourmande et longue.

CHAMBOLLE-MUSIGNY : belle robe, nez de fruits confits. La bouche est carrée à l’attaque, charnue au milieu et la finale est délicate.

GEVREY-CHAMBERTIN « LES CRAIS » : jolie robe profonde, nez encore discret. La bouche est minérale en attaque, profonde au milieu et la finale est enrobée et persistante.

GEVREY-CHAMBERTIN « LA JUSTICE » : belle robe, nez dominé par le fruit noir et l’amande. La bouche est sérieuse et puissante avec une belle tension en finale.

GEVREY-CVHAMBERTIN « TERROIR DU DOMAINE » : nez discret sur des notes empyreumatiques. Bouche souple à l’attaque, détendue avec une finale ronde et grasse, joli vin fondu.

GEVREY-CHAMBERTIN « VIEILLES VIGNES » : belle robe brillante, présence de notes florales au nez, la bouche est saline, large avec une finale persistante et appétante.

GEVREY-CHAMBERTIN « 1er Cru CRAIPILLOT » : nez fruité et torréfié La bouche est tendue à l’attaque précise en milieu avec une finale raffinée.

GEVREY-CHAMBERTIN « 1er Cru LAVAUX » : le nez est complexe, la bouche sérieuse avec un aspect terrien et une finale encore austère.

Voici donc des nouvelles de Bourgogne en cette fin d’année 2024 qui restera dans nos mémoires comme une année laborieuse et que l’on ne souhaite pas revoir. Croisons les doigts pour le millésime
2025 que nous espérons plus généreux et agréable.

Nous vous souhaitons pour cette fin d’année de joyeuses fêtes de Noël et une très bonne année 2025 agrémentée de belles dégustations. Très bonne santé à tous.

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